Qui sommes-nous ?
HISTORIQUE
1937-1940 : fondation
Août 1937 : le journal dominicain Sept, créé en 1934, dont le sous-titre est « l’hebdomadaire du temps présent », est condamné par le Vatican suite à la parution de deux articles : un entretien avec Léon Blum et une critique de Franco.
En réaction à cette interdiction, François MAURIAC et Jacques MARITAIN obtiennent de l’épiscopat français l’autorisation de faire paraître un hebdomadaire dirigé par des laïcs : Temps Présent.
5 novembre 1937 : premier numéro de Temps Présent, dont le rédacteur en chef est Stanislas FUMET.
On trouvera, parmi les signatures importantes :
Hubert BEUVE-MÉRY, le père Marie-Dominique CHENU, DANIEL-ROPS, Joseph FOLLIET, Stanislas FUMET, Georges HOURDIN, Gabriel MARCEL, Jacques MARITAIN, Louis MASSIGNON, René SCHWOB.
François MAURIAC publie chaque semaine un « billet » en première page.
Si la ligne éditoriale est hostile au communisme et à la Russie soviétique, la dénonciation du nazisme et du fascisme est plus vigoureuse encore. Dans son autobiographie Histoire de Dieu dans ma vie, Stanislas FUMET écrit à ce propos :
« Personnellement, je n’assimilais pas l’idéal communiste à l’idéal fasciste, et surtout à l’idéal national-socialiste, pour ce que, dans le communisme, s’il se trompe sur la notion de l’âme humaine qu’il reste incapable de connaître, je vois un but à atteindre, qui est un idéal de justice, tandis que dans les totalitarismes nazi et fasciste il ne s’agit que d’un idéal d’injustice. »
Le tirage moyen du journal est de 30 000 exemplaires.
1940-1944 : Résistance
12 avril 1940 : publication d’un article du colonel Charles DE GAULLE, « La guerre des engins », où ce dernier expose ses conceptions militaires, alors rejetées par l’état-major.
DE GAULLE faisait partie des « Amis de Temps Présent », une association animée entre autres par Maurice SCHUMANN, qui soutient et diffuse le journal, et constituera un vivier de recrues pour la Résistance.
14 juin 1940 : le journal cesse de paraître.
20 décembre 1940 : À Lyon, encouragé, entre autres, par le cardinal GERLIER et les Jésuites de Fourvière, Stanislas FUMET fait renaître Temps Présent sous le titre Temps Nouveau, définitivement interdit en août 1941. Les locaux, rue de Constantine, sont un carrefour de la Résistance. Stanislas FUMET y organise notamment la rencontre entre Henri FRENAY, chef du réseau Combat, et Pierre CHAILLET : le premier aidera le second à fonder la revue clandestine des Cahiers du Témoignage Chrétien.
À Paris, Ella SAUVAGEOT, administratrice du journal depuis sa création, s’efforce de faire survivre la société Temps Présent et ses locaux du 68 rue de Babylone, dans le 7e arrondissement. Ces derniers accueillent des réunions clandestines du Conseil National de la Résistance.
1944-1947 : croissance et divisions
25 août 1944 : le journal paraît à nouveau.
Le tirage monte à 60 000 exemplaires en 1944 et jusqu’à 110 000 exemplaires en 1945.
Départ de Jacques MARITAIN, nommé ambassadeur de France auprès du Saint-Siège, et de François MAURIAC, passé au Figaro. Arrivée d’Hubert BEUVE-MÉRY, nommé rédacteur en chef, avant de fonder Le Monde. Il continuera à publier une chronique de politique extérieure sous son pseudonyme Sirius.
En 1945, Temps Présent lance l’hebdomadaire La Vie Catholique Illustrée (devenu La Vie) dont il confie la direction à deux journalistes membres de sa rédaction depuis 1937, Georges HOURDIN et Joseph FOLLIET.
La ligne éditoriale se veut alors indépendante de l’Église catholique, suite à l’attitude des évêques français pendant l’Occupation. Elle prône un socialisme humaniste et le maintien de l’unité réalisée dans la Résistance, notamment avec les communistes. Mais la rédaction, partagée entre démocrates chrétiens, gaullistes et progressistes, finit par se diviser autour de cette question. C’est sans doute une des raisons de l’arrêt de sa parution.
16 mai 1947 : dernier numéro de l’hebdomadaire Temps Présent.
Depuis 1947 : mouvements et édition
1950 : le bimensuel La Quinzaine, initié par Ella SAUVAGEOT et dirigé par Jacques CHATAGNER, succède à Temps Présent.
1955 : La Quinzaine est condamnée par l’Église pour son soutien aux prêtres ouvriers. Elle décide de cesser sa parution.
1955-1992 : plusieurs titres succèdent à La Quinzaine : le Bulletin, Lettre, Il est une foi.
Dans les années 1990, le siège de Temps Présent, demeuré au 68 rue de Babylone, accueille des mouvements en désaccord avec le repli identitaire de l’Église catholique qui a suivi les espoirs nés avec Vatican II : Nous sommes aussi l’Église (NSAE), Droits et liberté dans les Églises (DLE), Femmes et hommes en Église (FHE)… Des mouvements qui sont nés ou qui ont pris de l’ampleur après que l’évêque d’Évreux, Jacques GAILLOT, a été déchargé de ses fonctions en 1995.
Février 1999 : sous l’impulsion de Jacques CHATAGNER, création de la Fédération Réseaux du Parvis qui rassemble quatorze de ces mouvements et leurs déclinaisons locales (dont David & Jonathan, Plein Jour, Évreux sans frontières…), et co-édition, avec Temps Présent, de la revue Les Réseaux des Parvis.
2009 : Temps Présent se lance dans l’édition de livres, au croisement des questions religieuses, politiques et sociales.
[ sources : Temps Présent (2 volumes), Martine Sevegrand, Temps Présent ; Histoire de Dieu dans ma vie, Stanislas Fumet, Le Cerf ; Résistance spirituelle 1941-1944 – Les Cahiers clandestins de « Témoignage chrétien », François et Renée Bédarida, Albin Michel ; « Notre responsabilité de chrétiens dans le conflit de l’Église et du monde », Cahiers Jacques Maritain, n° 32 ]
Plus de détails sur l’histoire de Temps Présent dans les ouvrages de l’historienne Martine Sevegrand :